samedi 24 juillet 2010

Une si longue absence...

Au mois de mai envolé jusqu'à Beijing j'ai cru pouvoir la bas dans cette lointaine contrée vous faire partager mes aventures orientales mais hélas les brouilles politiques avec notre serveur m'ont privé d'écriture et ce n'est que depuis mon retour que je circule à nouveau sur les touches blanches.

J'ai joué pour les enfants "Cat saisons" je ne peux pas juger de ce que les petites têtes chinoises ont appris de moi seulement leurs sourires, leur babillages, leurs enthousiasmes me fait croire qu'ils ont été touché par quelque chose. La magie des masques fonctionne partout,. De cela j'en était sur mais l'évocation des saisons n'est pas la même que chez nous. Il est vrai que le calendrier lunaire est quelque peu décalé par rapport au nous et ce vaste pays connaît des climats plus diversifiés que ceux de notre hexagone. De ce fait les symboles attachés aux saisons varient j'avais associé l'automne à la rêverie et l'amour, l'hiver à la mort et le rire, le printemps à l'agilité et l'espièglerie et pour l'été le feu et la naissance.
Mais je n'ai pas eu d'autres retour que les yeux qui pétillent et les sourires merveilleux...

mardi 20 juillet 2010

Nouveau Festival d’Alba la Romaine



                 Un festival se doit de créer pendant plusieurs jours un sentiment de communauté d’appartenance à une tribu. C’est cette famille créée par l’ensemble des spectacles qui va donner son caractère, sa couleur au festival. Un festival est par essence rassemblement : rencontre entre des compagnies et une direction artistique, rencontre entre le public et les spectacles et échanges entre spectateurs, dans un lieu privilégié. De ces mélanges naît une magie propre à chaque festival. Chaque ingrédient a son importance, une pierre manque à l’édifice et il s’écroule. Mais s’il faut des voûtes majestueuses, il faut aussi des vasistas. Ainsi les petites formes de l’après-midi ont autant de nécessité que les grands spectacles du soir et c’est à la qualité de l’ensemble que le festival doit sa vie. Encore une fois ces rassemblements ont eu lieu grâce à vous , merci ;

Sur la route fut mon premier spectacle. Pour avoir vu cet homme sur un fil quelques temps avant son accident je peux mesurer le poids de cette remontée des enfers. L’homme de spectacle est un être dont l’ego demande une audience pour vivre et se doit de lutter en permanence contre lui-même pour garder l’admiration du public.

J'ai rencontré Antoine Rigot avant son accident, funambule extraordinaire quand je l'ai vu pour la première fois j'ai été submergé par la force de cet homme tranquille. Il portait chapeau et jouait sur un fil comme une barre fixe. Une poésie d'homme commun émanait de sa personne mais les innovations qu'il apportait à cet art, que je croyais très limité dans la représentation, étaient détonantes. Quelques années plus tard, le plongeon qui l’a cloué au lit, a non seulement casser son corps mais aussi son ambition d’homme de scène.
Alors comment revient-on de cela ?
C’est ce que nous raconte le spectacle « Sur la route » . Cet homme a réapprit à marcher à grand peine, avec chutes successives utilisant simplement cette force de l’ego qui le soutient pour se donner du courage. Il joue lui-même sa chute et le retour à la vie avec l’aide de l’amour.
L’émotion est à son comble dans ce duo avec Sanja Kosonen, doublement sur la corde raide. Car à tout moment on peut basculer dans le mélo, mais la sensibilité et la mise en danger du fil retient notre souffle court.

J'ai rarement été aussi ému par un spectacle. La faiblesse du corps blessé d'un homme unit dans l’amour à la grâce aérienne de la beauté recrée la force d’une nouvelle vie.
C'est le mariage improbable de l'impuissance d'un corps trop lourd à se supporter lui-même avec la légèreté de la funambule qui défie l’apesanteur. L'amour des êtres qui luttent pour combattre à la fois la gravité du corps et de l'âme. Une victoire sur le l’handicap pour l'un et la conquête de la peur du vide pour l'autre. C’est la juxtaposition d’une seule et même lutte pour exister.
Est-il plus grand amour que celui de s’affranchir de ses propres angoisses pour enlever les peurs de l’être aimé ? Gagner l’un par l’autre la lutte incessante vers l’insaisissable perfection. Ce qui nous touche encore un peu plus est de savoir que cette histoire représentée devant nous n'est pas seulement jouée, ce grand corps malade raconte sa propre vie. Je garde cette image d'oiseau aux ailes brisées qui essaie de marcher à tout prix. Ces deux personnages font revivre devant nous leur calvaire d’amour et nous atteignent au plus profond. C'est pour cela que le spectacle vivant existe.

Le Chant du Dindon est à lui seul tout un monde imaginaire que l’on est sur d’avoir déjà vécu, mais où ? dans nos rêves sans doute ! La magie de ce spectacle tient en la restitution intégrale du monde de l’enfance ; les gens évoluent dans leur histoire et, comme le petit qui regarde la table des grands sans très bien comprendre, nous voyons tout, nous devinons tout, fascinés par le spectacle, en apparence ordinaire des hommes et des femmes qui s’aiment, se séduisent et se chamaillent. Tout est dans le « en apparence » . car il s’agit bien de nous montrer des prouesses extraordinaires, voire inimaginables de virtuosité, de souplesse et de force en nous faisant croire que c’est la vie toute simple. Quelle belle métaphore de notre quotidien dont nous avons tant de peine à voir la magie permanente.
La famille Rasposo, (car, même si tout le village est là, c’est avant tout une famille, une tribu) a su par maintes détails faire naître l’atmosphère unique, baroque, insolite et poétique des rêves d’enfants. Rien n’est laissé au hasard, la chaude lumière des alcôves ou des guinguettes de foire, le débardeur du maçon et la robe en plume de la coquette, le mélange des générations, les objets ordinaires, le dindon et les chiens , tout contribuent à distiller la magie dans cette vie de tous les jours. Et je dois le reconnaître, c’est la force du cirque et de son chapiteau de créer ce rassemblement, cette proximité du spectateur projeté dans l’histoire. Il n’y a plus la barrière de la scène, de la langue, de la culture même, car les références ne sont pas d’ordre intellectuel.
Pendant plus de deux heures j’ai entendu le dindon qui pourtant ne chante jamais.


Je ne parlerai pas des petites formes pourtant splendides, désopilantes ou subtiles comme « Comment Wang Fo fut sauvé » mais ce petit bijou a été offert aux enfants tel une perle de littérature et de théâtre, on ne peut que s’en réjouir.
Pour la Balade Circacienne, je suis perplexe car si ce que j’ai vu était magnifique, l’ensemble me semble-t-il est un retour en arrière au temps où les cirques n’avaient pas encore croisé le théâtre. Certes les artistes sont tous excellents dans leur spécialités, mais maintenant que j’ai goûté une forme de cirque plus complexe, plus dramatique, à laquelle les Nouveaux Nez eux-mêmes nous ont habitués, je reste sur ma faim d’un spectacle plus ambitieux.
Je sais qu’ordonner un festival n’est pas une mince affaire et mettre en scène nécessite une disponibilité de temps et d’esprit mais … l’attente est à la hauteur ce que nous avons déjà vu.

ATTENTION car plus vous nous donnez de belles œuvres et plus exigerons…